On voit une jeune femme et un enfant à table à l'extérieur dans un chalet de montagne

ELLE ENTEND PAS LA MOTO : SURDITÉ ET ACCESSIBILITÉ

Lors des rencontres cinématographiques de Charlieu, le 28 août 2025, nous avons eu le plaisir de rencontrer Dominique Fischbach, réalisatrice du film documentaire Elle entend pas la moto. Son interview est retracée ci-dessous. Puis vous trouverez le témoignage de Manon Altazin au Congrès des cinémas de Deauville. Ensuite, des éléments sur les solutions d’accessibilité mises en place pour les avant-premières par Acceo-Tadeo, partenaire du film. Et enfin, des exemples d’évènements organisés autour de la sortie du film.

Un film documentaire qui aborde la surdité avec des versions adaptées aux spectateurs déficients sensoriels

Ce film, qui aborde avec sensibilité le thème de la surdité, propose un regard intime et émouvant sur la famille. Réalisé en cinéma direct, il nous plonge en immersion totale : sans commentaires, ni interviews, le spectateur partage simplement le quotidien des protagonistes et vit l’histoire à leurs côtés.

La sortie du film est prévue pour le 10 décembre, distribuée par Epicentre Films. Il sera disponible en version sous-titrée SME (sourds et malentendants), une version Française sous-titrée en français (VFSTFR ) ainsi qu’en version audiodécrite pour les publics déficients visuels. 

Un dispositif d’accessibilité peut être mis en place avec le distributeur lors des débats organisés à la fin des projections, grâce à leur partenaire Acceo-Tadeo, habitué à la mise en place d’événements inclusifs pour les personnes sourdes et malentendantes.

Pour en savoir davantage et accéder à toutes les informations nécessaires (dossier de presse, bande-annonce, etc.), vous pouvez consulter les sites :

Ce site dédié au film répertorie notamment les séances spéciales d’avant-premières et dispose d’une rubrique spéciale de ressources pour les professionnels (dossier de presse, photos, dossier pédagogique, kit réseaux sociaux…)

Affiche du film Elle entend pas la moto

Interview de Dominique Fischbach

Nous vous proposons ici un extrait de l’échange que nous avons eu avec la cinéaste autour de son œuvre :

A propos de Elle entend pas la moto, on voulait savoir qu’elles étaient vos motivations pour suivre cette famille tout en vous attachant à Manon ?

DF : Elle entend pas la moto, c’est vraiment l’histoire d’une rencontre il y a 25 ans avec une petite fille sourde profonde et sa famille. 
J’ai déjà réalisé 3 courts-métrages avec eux. Là, c’est la saga familiale sur 25 ans. J’ai réuni à la fois des archives familiales, des archives de mes propres films et les images d’un tournage au présent pour faire un film d’une heure et demi, qui j’espère vous sera intense !

Qu’est ce qui dans votre parcours ou vos rencontres vous a mené à explorer le sujet de la surdité ?

DF : Je n’avais rien de particulier vis à vis de la surdité mais je me suis toujours intéressée à la marge et notamment au handicap, peut-être par valeur humaine. Enfin j’avais envie de montrer des gens qu’on ne montre pas forcément et raconter des gens qu’on ne racontait pas.

 Il y a une belle progression dans le récit, on entre dans l’intimité de la famille petit à petit. Comment avez-vous conçu l’alternance entre les images d’archives et les images actuelles ?

DF : Alors, ça a été tout le travail à la fois d’écriture avant et puis surtout au moment du montage. Comme une espèce de grand puzzle a fabriquer il a fallu trouver justement la place des séquences, trouver la place des flashbacks et à quel moment et comment les enchainer…ça a été un énorme travail de montage.

Chaque protagoniste a une manière singulière de vivre la surdité. Comment avez-vous veillez à rendre compte de ces points de vue particuliers ?

DF : J’ai écouté chacun, ça fait très longtemps que je les connais donc on est allé loin dans nos échanges. J’ai cherché à donner la parole à la fois à ma protagoniste principale : Manon, cette petite fille que j’ai rencontré il y a 25 ans et que j’ai suivi sur 25 ans mais aussi aux parents, à la sœur, au frère, à la famille autour, aux amis… Pour qu’on ait une vision globale de cette question-là et pas simplement un point de vue unique.

Que visez en matière de compréhension de la surdité ?

DF : En fait moi ce qui m’intéresse c’est que les gens s’identifient, c’est-à-dire d’arriver à une identification du spectateur sur le personnage. À partir du moment où il y a identification, le spectateur comprend comment il vit, évidemment pas complètement et on ne comprendra jamais complètement, mais il y a cette identification qui permet de ressentir. Cela passe par l’intelligence émotionnelle, c’est celle-là moi qui m’intéresse parce que je trouve que c’est celle qui nous fait le mieux comprendre la différence, l’autre … J’espère qu’en sortant les spectateurs en seront un peu plus sur comment interagir avec des personnes sourdes.

Comment le film sera t-il proposé dans les salles de cinéma par rapport à l’accessibilité sensorielle ?

DF : Aujourd’hui c’est vraiment la question qu’on se pose. Le film n’est pas encore sorti, il fait ses premiers pas, ses premiers festivals, ses premiers débats… Pour l’instant on discute avec les exploitants pour trouver la meilleure façon de le sortir pour qu’à la fois il soit disponible pour les sourds mais aussi pour les entendants et que chacun y trouve son compte.
On a des idées qui sont en discussion.

Quelles sont à votre avis les sujets de discussions avec le public que le film ouvre ?

DF : Les sujets de discussion pour les projections avec débats sont multiples parce qu’on touche à beaucoup de choses. C’est à la fois :

  • la surdité
  • l’inclusion
  • la répercussion de la présence d’enfants handicapés dans une famille
  • la famille, puisque c’est la toute première société à laquelle on est confronté.

Au-delà, j’espère surtout que ça éveillera un peu les esprits sur la nécessité de faire un minimum d’effort. C’est extrêmement riche de pouvoir échanger avec des gens qui ont justement des sens en moins mais d’autres en plus. Je voudrais vraiment qu’on avance vers une société plus inclusive, qui s’intéresse plus à la différence parce qu’il y a des choses à découvrir et des échanges très intéressants sur cette base.

Quelles sont les modalités d’accessibilités à prévoir pour organiser un débat après une séance ?

DF : On a un partenaire qui s’appelle Acceo-Tadeo et qui a l’habitude d’organiser des événements pour les sourds. Ils proposent des interprètes LSF, la transcription instantanée des échanges. Ils sont parties prenantes du film, ils vont nous accompagner sur le terrain pour que ça puisse se faire au mieux et que tout le monde se comprenne et s’entende.

Portrait de la réalisatrice Dominique Fischbach souriante dans un bureau

Crédit photo Yves Osmu

Présentation du film lors Congrès des exploitants de Deauville 2025

À l’occasion du 80ᵉ Congrès de la Fédération Nationale des Cinémas Français (FNCF) 2025, qui s’est tenu à Deauville, Elle entend pas la moto a été présenté par Epicentre Films lors de la Journée des distributeurs. La réalisatrice, Dominique Fishbach, et Manon Altazin, protagoniste principale du documentaire, étaient présentes pour évoquer le film.

Manon Altazin a ainsi eu l’occasion de s’exprimer sur le film qu’elle avait découvert peu avant, devant plus de 2 000 exploitants de cinémas, lors de ce grand rendez-vous annuel du cinéma français.

Vous pouvez découvrir un court extrait – intense – de cet échange à Deauville sur ce lien : Instagram ou sur Facebook.

Accessibilité des présentations et débats

Nous nous sommes entretenus avec Julien Monnet de la société Acceo-Tadeo, qui propose des solutions d’accessibilité pour les personnes sourdes et malentendantes, dans différents contextes, avec des prestations humaines en direct, effectuées à distance ou en présentiel. Cela peut concerner la transcription de paroles en texte en direct, le codage en LPC (Langue Parlée Complétée) ou la traduction en LSF (Langue des Signes Française). Lors d’avant-premières de Elle entend pas la moto, Acceo-Tadeo, partenaire du film, a mis en place la transcription en texte et la traduction LSF dans les cinémas concernés.

Discussion après l'avant-première avec interprète LSF et transcription à l'écran.

A l’avant-première du 7/10 à UGC Bercy (transcription sur l’écran et interprètes LSF en présentiel)

Pour effectuer ces mises en accessibilité à distance, ils ont besoin : 

– d’une connexion internet avec la salle
– du son des micros récupérés et envoyés via internet aux interprètes
– de la projection du retour sur l’écran du cinéma

Lors des deux premières soirées, les interprètes LSF étaient dans la salle et seule la transcription en texte était faite à distance.

Pour deux avant-premières à venir en Bretagne, (29/10 à Etel et 30/10 à Auray), transcription et traduction LSF se feront à distance avec un partage d’écran pour faire de la place à chacun. Un système de tablette connectée avec l’interprète LSF est également prévu pour les spectateurs signants qui voudront s’exprimer pendant le débat. L’interprète pourra alors traduire oralement, à l’écran, leur contribution. Il est même prévu une intervention de Manon Altazin à distance, grâce au système connecté.

Pour les cinémas ou festivals qui souhaiteraient bénéficier de ce type de prestation, Acceo-Tadeo peut étudier la faisabilité et le coût en fonction du contexte technique et du créneau horaire de l’évènement.

Initiatives dans les festivals et les cinémas

  • Aux Rencontres Cinéma Francophone de Villefranche en Beaujolais (Rhône) organisé par l’association L’Autre Cinéma, une séance spéciale est prévue le vendredi 14 novembre à 18h, en présence de Dominique Fischbach.

    Les associations de personnes déficientes auditives du secteur, toutes catégories confondues, ont été contactées pour les inciter à venir. La séance sera sous-titrée en VFST et le débat traduit en LSF par l’interprète Caroline Chetail. 

    Des cartons annonçant l’accessibilité de la soirée aux spectateurs déficients auditifs ont été réalisés. Ces informations figurent également dans le programme du festival.
    30e Rencontres du Cinéma Francophone de Villefranche en Beaujolais sur Saône Du 11 au 16 novembre 2025 Le festival organisé par L’Autre Cinéma vous propose une soirée accessible aux spectateurs déficients auditifs le vendredi 14 novembre avec deux projections en VFST : 18h_ Elle entend pas la moto (avant-première) Au cinéma Les 400 Coups Villefranche sur Saône (69) Séance en présence de la réalisatrice Dominique Fischbach Débat traduit en Langue des Signes Française (LSF) 20h30 _L'inconnu de la Grande Arche Au cinéma Les 400 Coups Villefranche sur Saône (69)
    Programme des Rencontres Cinéma Francophone de Villefranche pour le film ELLE ENTEND PAS LA MOTOUne vidéo traduite en LSF, annonçant l’évènement, a été réalisée.

    Une jeune femme signe en Langyu des signes Française
    Pour consulter la vidéo cliquer sur  ce lien

    Avant la séance, le festival a invité la compagnie de danse inclusive « Passerelle Dansée », qui proposera des intermèdes dansés.

    Le film sera également présenté à la Maison d’arrêt de Villefranche, dans le cadre du programme Prison et Cinéma, en présence de la réalisatrice.

  • Aux Rencontres du cinéma d’Europe d’Aubenas (Ardèche), une séance spéciale est prévue le vendredi 21 novembre à 11h. La séance sera présentée par Ciné Sens. Le débat sera traduit en LSF. Les associations de personnes déficientes auditives ont été informées de cette opportunité.

Pour partager vos expériences autour du film et de sa mise en place dans les salles de cinéma, commentez cet article ou écrivez nous sur contact@cine-sens.fr